Depuis plusieurs mois, la Fabrique des Mobilités Québec travaille autour de cette problématique avec Destination Québec cité, plus particulièrement sur la question suivante “Comment générer des mécanismes incitatifs qui favoriseraient à la fois une mobilité durable des touristes et un achalandage équilibré dans les différentes parties du territoire ?”.
Si les deux objectifs (achalandage équilibré et réduction de l’auto-solo dans les déplacements des touristes) peuvent sembler facilement cumulables à première vue, les premiers résultats de recherche ont démontré un lien plus ambigu.
Cibler le public pertinent pour expérimenter
En interrogeant notre public cible, à savoir les touristes Québécois, il s’est avéré que la sensibilité des publics à une problématique ou à l’autre ne concordaient pas dans la majorité des cas. En somme : celles et ceux qui ne prenaient pas leur voiture concentrent leur séjour dans le Vieux Québec afin de pouvoir se déplacer exclusivement en marchant ; et d’un autre côté, ceux qui se disaient les plus disposé.e.s à explorer des endroits insolites étaient celles et ceux les moins disposés à laisser leur voiture au garage…
Il s’est donc avéré crucial de comprendre les freins à l’abandon de l’auto dans le contexte particulier d’un séjour touristique, et donc les autres variables pouvant rentrer en jeu (tranche d’âge, activités préférées, façon de voyager, rigueur de la planification…).
Nous avons finalement exprimé deux problèmes majeurs : la visibilité de l’offre de transport durable existante auprès des touristes et le caractère partiellement inadapté de celle-ci à ce public. Une des explications premières a été de constater que (logiquement) l’offre de transport d’une Ville se construit pour ses résident.e.s en premier lieu. Cependant, force est de constater que cela n’empêche pas les touristes de monter dans un bus ou de prendre un vélo partagé mais cela induit que les messages et incitatifs (stationnements gratuits, abonnements combinés préférentiels, etc) ne leur sont pas adressés.
Pour comprendre en quoi le parcours d’un touriste à Québec génère toute une série de frictions vis-à-vis de l’utilisation des transports publics tels qu’ils sont, nous avons réalisé plusieurs séries d’entrevues auprès de volontaires. Dès lors, nous avons déterminé que le frein majoritaire (au delà de la visibilité) était la charge mentale que supposait une planification des déplacements en transport en commun en plus de la réservation d’activités, du lieu de séjour, etc. Ce frein étant renforcé en cas d’utilisation majoritaire de l’auto-solo dans la mobilité quotidienne (hors vacances).
Des opportunités sur le terrain pour apprendre des usagers eux-mêmes
L’ensemble de ces constats a fait germer une idée de prototypage : pourquoi pas tester un parcours interactif dans la Ville de Québec qui amènerait les participant.e.s à explorer les quartiers centraux de Québec au-delà du seul Vieux Québec mais qui ne proposerait que des alternatives durables en mobilité ? En cas de succès*, cela validerait plusieurs éléments. Premièrement, que le fait de créer un parcours clé en main réduit la charge liée à la planification (notamment le fait de lier activités touristiques et trajets lors du séjour) et est donc attrayant. Ensuite, que la réduction de cette charge augmente l’utilisation des transports publics chez les participant.e.s, validant le problème.
En parallèle, nous travaillons également sur la faisabilité d’une intégration des données des différents opérateurs de transport à un planificateur de trajet. En effet, lors de nos recherches, nous avions remarqué que tous les opérateurs de la Capitale Nationale (en particulier hors agglomération de Québec) n’étaient pas intégrés à tous les planificateurs grand public (notamment Google Maps), agravant le manque de visibilité de cette offre. Cela suppose de travailler la collaboration entre les acteurs, mais aussi les formats de données utilisés, la fréquence des mises à jour (horaires, arrêts, travaux, etc.) et par la même occasion, d’approfondir notre connaissance des enjeux des acteurs concernés.
Si vous travaillez pour un organisme de promotion touristique, un opérateur de transport dans une région très touristique et/ou souhaitant mieux comprendre les comportements en mobilité d’une population, nous serions ravis de vous rencontrer pour en parler !
La mobilité durable au Québec est l’affaire de tou.te.s, développons-la ensemble.
*L’expérimentation décrite, réalisée entre les 1er et 24 décembre derniers, est en cours d’analyse. Nous partagerons la suite de cette histoire d’expérimentation dans les prochaines semaines. Suivez-nous pour ne pas rater nos actualités !