Comment repenser la gestion, l’usage et la valeur de notre bordure de rue, cet espace longtemps méconnu et ignoré, à la jonction entre nos rues et nos trottoirs et le plus souvent considéré uniquement comme zone de stationnement?

Par Sébastien Turbot, Leader de projet

Cette question est au cœur des réflexions que nous menons à La Fabrique des Mobilités Québec, au sein du projet Montréal en Commun dans le cadre du Défi des Villes Intelligentes du gouvernement fédéral canadien.

 

Depuis bientôt deux ans maintenant, avec notre écosystème, nous nous interrogeons sur les multiples facettes de la bordure de rue: quelle place pour le stationnement à Montréal? Les règles de stationnement sont-elles claires et lisibles pour tous? Pouvons-nous repenser l’usage de cette bordure de rue de manière plus dynamique? Pouvons-nous repenser la monétisation de cet espace? Enfin et surtout, comment réimaginer notre bordure de rue afin de la mettre au service d’une mobilité durable et d’une qualité de vie pour tous les Montréalais et toutes les Montréalaises? 

Autant de questions et de débats fascinants qui nous amènent, à La Fabrique des Mobilités Québec, à développer des expérimentations sur le terrain afin de prototyper et tester des solutions autour de la bordure de rue.

 

Deux pistes majeures de réflexion ont ainsi émergé. La première vise à aider la Ville et ses arrondissements à développer de nouveaux outils de gestion de la bordure de rue. L’autre ambitionne d’aider les citoyens en développant des outils de planification de trajets et de stationnement. L’idée derrière cette deuxième piste est de permettre aux automobilistes de passer moins de temps à chercher une place de stationnement en planifiant mieux leur déplacement, voire de décider d’opter pour d’autres modes de transport et ainsi réduire l’empreinte environnementale de leur déplacement.

Des données ouvertes de qualité, un élément central pour expérimenter pour une meilleure gestion de la bordure de rue

 

Pour mener à bien ces réflexions, un élément est essentiel: la possibilité pour nous et notre écosystème d’avoir accès à des données liées au stationnement qui soient fiables, en quantité suffisante et en temps réel. Or, c’est ici que nous nous sommes heurtés à des obstacles, à des contraintes. En effet, si la Ville de Montréal et ses arrondissements disposent d’outils de gestion qui génèrent des données numériques en lien avec la bordure de rue et le stationnement, ces données ne sont pas forcément centralisées ni totalement fiables. 

 

Parmi les logiciels existants, le plus exhaustif est Signalec. Cet outil de gestion, géré arrondissement par arrondissement, est une source de données qui est censée répertorier tous les panneaux de stationnement et la réglementation attenante. Si ces données font aujourd’hui partie du pool de données ouvertes mis à disposition par la Ville de Montréal, il n’en reste pas moins que, de l’aveu même des arrondissements, ces données ne sont pas forcément exhaustives ni fiables. Certains arrondissements ont préféré se tourner vers d’autres outils, d’autres expliquent ne pas avoir nécessairement les ressources pour mettre les données à jour régulièrement, d’autres enfin évoquent l’impossibilité de générer de nouveaux panneaux, et donc de nouvelles règles, car ces derniers ne sont pas prévus par le logiciel. Il nous est donc apparu crucial d’ouvrir une réflexion dans le but d’améliorer la collecte, le stockage, la visualisation et le partage de ces données. 

 

Pour ce faire, nous avons mis trois questions au cœur de notre réflexion: 

  • Tout d’abord, comment simplement et efficacement évaluer la qualité des données existantes? En effet, si nous savons que ces données sont imparfaites, nous ne sommes pour l’instant pas en mesure d’évaluer précisément les disparités.
  • Ensuite, sur la question de la collecte des données, pouvons-nous imaginer des manières de faire qui viendraient compléter la collecte déjà effectuée, voire, à terme, une manière d’intégralement collecter ces données, qui conviendrait à toutes les parties concernées?
  • Enfin, pourrions-nous, en nous inspirant d’approches en “crowdsourcing urbain” qu’utilisent un nombre croissant de villes, améliorer la collecte des données et donc la gestion des villes? Y aurait-il une appétence des citoyen.ne.s de Montréal à participer à l’amélioration de la collecte des données de stationnement? 

 

Mobiclic, une application pour optimiser la collecte de données ouvertes sur le stationnement en bordure de rue

 

C’est avec ces trois questions en tête que nous avons lancé une expérimentation avec nos partenaires Jalon Montréal et le CRE Montréal (Conseil Régional de l’Environnement) pour développer, prototyper et tester une application citoyenne de collecte de données de stationnement. Cette application, MobiClic, actuellement en cours de développement, sera mise en test d’ici la fin de l’année 2021 autour des artères commerciales majeures de l’arrondissement de Rosemont-La Petite Patrie, avec pour objectif un lancement grand public au printemps 2022. 

 

Avec MobiClic, tout citoyen, après avoir téléchargé l’application, pourra participer à l’expérimentation. Il lui suffira de géolocaliser un poteau de signalisation de stationnement puis de prendre des photos de chacun des panneaux de stationnement installés sur ce poteau. L’analyse de ces données sera ensuite faite par les équipes de La Fabrique des Mobilités Québec, avec, à terme, l’objectif d’être soutenus par un système en intelligence artificielle de lecture des panneaux et de conversion des droits de stationnement (“ai-je le droit de me garer dans cette zone? à partir d’ où et jusqu’ où? quand?”).

 

Évidemment, dans notre approche agile et par expérimentation, nous souhaitons, en nous appuyant sur des communs existants, pouvoir tester, confirmer ou infirmer nos hypothèses de départ. Par exemple, une application comme MobiClic nous permet-elle de rapidement vérifier la fiabilité des données existantes? Nous permet-elle vraiment de collecter de la donnée en stationnement de manière plus rapide, plus exhaustive et plus qualitative que les arrondissements sont en mesure de le faire aujourd’hui? Enfin, existe-t-il réellement une appétence des citoyen.ne.s de Montréal à participer à cette collecte?

 

Si vous souhaitez participer à cette expérimentation, qui débutera dans quelques semaines, nous vous invitons à nous contacter par message direct et vous donnons rendez-vous à la fin de l’année pour une première phase de test. Surtout, nous vous donnons rendez-vous courant 2022 pour vous partager les résultats et les apprentissages de cette expérimentation.

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