Photo by Avelino Calvar Martinez from Burst
Le covoiturage encouragé et encadré par Le ministère des Transports
Contrairement au Taxi, au Transport à la demande ou à Uber, le covoiturage est par définition une activité non commerciale. Il est encadré au Québec par le projet de loi 17, qui encadre maintenant le transport rémunéré par personnes (incluant Taxi, Eva, Uber,…). La loi fait bien la distinction entre covoiturage et transport rémunéré. Comme le précise le site du ministère, le covoiturage ne nécessite pas de permis de transport rémunéré.
Selon la Loi sur les transports, le covoiturage implique un transport effectué sur un même trajet, lorsque seuls les frais du transport sont partagés et qu’aucune rémunération n’est requise. Concrètement, un conducteur offrant du covoiturage a aussi à se déplacer et à se rendre personnellement à la destination, même s’il n’a pas de passagers. Le transport de passagers devient accessoire au déplacement et non le but premier de celui-ci. Les passagers contribuent afin de compenser le conducteur pour l’utilisation du véhicule, comme le partage des frais de l’essence.
Le covoiturage une pratique aux formes multiples
Le covoiturage a une longue tradition au Québec et ce au moins depuis la création d’AlloStop en 1983. Bien avant l’arrivée d’internet et des cellulaires !
Il existe de nombreuses formes de covoiturage : planifiées, spontanées ou encore sans réservation. On distingue généralement deux grandes catégories d’usages du covoiturage :
- les trajets occasionnels moyenne et longue distance, qui se développent sous l’impulsion de plateformes telles que AmigoExpress, Poparide, Covoiturage.ca, les groupes Facebook. Le Conseil régional de l’environnement de l’Estrie les répertorie dans son planificateur de trajet, Embarque.
- les trajets courte-distance, en particulier domicile-travail, qui se développent généralement grâce à l’action des employeurs (de manière formelle et informelle), d’entreprises spécialisées (Netlift, Covoiturage.ca,…), de territoires, de startups et de coopératives. Voir la page de référence du wiki pour plus de détails.
Le covoiturage a des impacts environnementaux indéniables au Québec. AmigoExpress, leader du covoiturage interurbain au Québec, avec plus de 600 000 membres, quantifie son impact GES de 20 500 tonnes de GES en 2018.
Se basant sur les chiffres de BlaBlaCar, avec seulement 1,6 % de véhicules en plus sur les routes, le covoiturage permet de transporter deux fois plus de passagers en voiture (+210 %), tout en réduisant les émissions de CO2 de 26 %.
En combinant l’électrification des véhicules, le covoiturage et l’autopartage (article de Communauto sur l’impact GES), les trois leviers combinés peuvent avoir un impact majeur sur les déplacements.
Montréal en commun, quels liens avec le covoiturage?
Dans le cadre du Pôle de données, des initiatives de mutualisation et communs technologiques en France (Observatoire et registre de covoiturage) nous ont permis de proposer cette thématique dans les sujets traités. L’agrégation de la demande et son intégration dans la mobilité intégrée a le double avantage de mieux mesurer et comprendre les dynamiques de covoiturage et d’ajouter un autre mode dans la mobilité intégrée. Ainsi la Fabrique des Mobilités Québec travaille, dans le cadre de Montréal en commun, à soutenir les expérimentations autour du covoiturage.
Comme ailleurs au Québec, à Montréal le covoiturage longue distance est le plus développé.
Que ce soit via des plateformes de réservations ou organisé de manières informelles sur les réseaux sociaux. Le covoiturage courte distance est plus difficile à développer auprès des usagers:
- Comme le covoiturage est restreint au partage des coûts par kilomètre, l’avantage financier est moindre.
- Les impacts d’un retard ou d’un détour pour prendre ou déposer un passager ont plus de conséquences.
A la Fabrique des Mobilités Québec nous travaillons à identifier les freins et les leviers pour valoriser et développer les deux volets du covoiturage.
- Le covoiturage moyenne et longue distance en donnant à voir l’intérêt d’appuyer cette solution pour la démotorisation des villes
- Le covoiturage courte distance en augmentant son attrait (mise en place d’incitatifs financiers, stationnement facilité, etc.).
Nous testons aussi l’intérêt de s’appuyer sur les déplacements moyenne et longue distance qui ont déjà une très bonne traction au Québec, pour voir comment le covoiturage pourrait être intégré dans les trajets ‘’Courts distances’’, notamment via des arrêts intermédiaires.
Pourquoi favoriser le covoiturage?
En complémentarité au bus et au train, le covoiturage permet aux résidents d’une ville de se déplacer facilement et à faible coût d’une ville à une autre, sans avoir à posséder une auto, ni à savoir en conduire une. Le covoiturage est un levier de démotorisation.
Quelques spécificités du covoiturage, qui en font un pilier important du réseau de transport durable au Québec et un pilier important pour toute Ville, incluant Montréal:
Un réseau de connexion à +50 villes
Le covoiturage longue distance permet de trouver des connexions vers de nombreuses villes et ce tous les jours. Les grands axes génèrent le plus de volume (vers Québec, Sherbrooke, Gatineau, Toronto,…). De multiples petites et moyennes villes sont également desservies tous les jours. Pour quelqu’un qui n’a pas de permis d’auto, le covoiturage est souvent le seul moyen de s’y rendre, comme le train et le bus ne desservent malheureusement que les grands axes.
100+ points de départs sur l’île de Montréal
Autre complémentarité au bus et au train, le covoiturage permet par exemple à quelqu’un qui habite à Montréal-Nord de trouver un trajet direct vers Québec, sans devoir se rendre au centre-ville de Montréal. Voici un répertoire des lieux de départs les plus populaires, répertoriés sur le site d’Amigo Express. La complémentarité avec le transport en commun (lignes de métros), est flagrante. Un exemple important de l’importance d’un bon réseau de transport local, pour le déploiement du covoiturage. Une possibilité de bonifier cet arrimage pourrait être d’indiquer les points de rencontre plus spécifiquement, voir même d’offrir des places réservées au covoiturage.

Source : AmigoExpress, Page de publication d’un trajet
200+ départs pour Québec les vendredis, à tout moment
En plus d’un nombre important de destinations et de points de départs, le covoiturage permet de partir à n’importe quel moment. L’axe Montréal-Québec en est le meilleur exemple, vu le nombre de départs chaque jour et particulièrement les vendredis. Voici l’exemple des premiers départs en matinée un vendredi:

Source: AmigoExpress, Page de recherche
Des prix intéressants
Il s’agit d’une solution très économique, vu que le covoiturage se limite au partage des coûts. Un Montréal-Québec coûte environ 25-30$, comparé à un billet de bus pour 60$ environ, et au moins 90$ pour le train. Le bus et le train apportent d’autres conforts, mais notamment pour les utilisateurs restreints au niveau du budget, le covoiturage représente une très belle option.
Un élément important pour éviter (ou retarder) l’achat d’une auto
Pour un jeune citadin, qui est l’utilisateur type du covoitureur passager, le covoiturage lui permet d’éviter l’achat d’une auto, qui est très dispendieuse et qui serait stationnée sinon toute la semaine à Montréal.
En complément de l’autopartage, le covoiturage lui permet de faire ses sorties de fin de semaine (amis à Québec, chalet, ski,…), sans avoir besoin de s’acheter une auto. Faciliter aux citoyens l’accès au covoiturage permet d’éviter encore plus d’autos à Montréal.
Une part importante du mix de transports longue distance au Québec
Le covoiturage peut représenter plus de 50% de l’offre longue distance au Québec (nombre de sièges offerts), dépendamment des trajets. Le triptyque train/bus/covoit, permet d’avoir une réelle alternative pour les différents utilisateurs sur les voyages longue distance inter-ville et de minimiser le nombre d’autos sur ces trajets.
En ce moment à Montréal
Dans le cadre de Montréal en commun nous organisons des cycles de Challenges avec l’écosystème pour tester des solutions afin d’encourager le covoiturage.
En ce moment, nous menons deux expérimentations sur les incitatifs et la visibilité de l’offre. Suivez-nous pour partager nos apprentissages.